lundi 27 juin 2011

76 - HAUTEURS DE L'ÂME

PIEDS DANS LA FANGE, TÊTE AUX SOMMETS
Le temps
Je suis seul ce soir.
Je sens le poids du passé, et je respire ses odeurs de fauve et de rance, comme un terreau retourné, comme un corps soulevé. J'étouffe dans mon silence, et meurs de vivre. Ma mélancolie me renvoie ses effluves fermentés. Comme si le passé avait fini par tourner. Soucieux pour tout ce qui est futile (tout ce qui ne se rapporte pas à l'avenir économique, alimentaire), je suis parvenu au bout de mes inquiétudes. Où sont les beaux jours de l'amour ? Dans le passé, comme toujours. Enracinés, énumérés dans mes souvenirs. Ressassés. Il paraît qu'il vaut mieux regarder en face de soi, dans l'avenir.
Mais je le connais bien mon avenir. Je ne suis pas de ces fous qui mettent leurs plus beaux jours dans le futur : les miens sont restés dans le passé.
La mélancolie ne vaut-elle pas mieux que l'espoir, quand celui qui espère attend de devenir enfin mélancolique, sachant que la mélancolie est une délicieuse souffrance ?
Je n'espère vivre que des jours dignes de rejoindre un passé dolent, sacralisés par la mélancolie, le regret, la langueur, le deuil, les larmes.
Je suis seul ce soir, et mon souffle est pour vous.

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