mercredi 29 juin 2011

125 - HAUTEURS DE L'ÂME

PIEDS DANS LA FANGE, TÊTE AUX SOMMETS
 
Le vol du parasite

En pleine force de l'âge, cet homme ne sert à rien. De ses dix doigts et du matin au soir, il ne produit aucun fruit. C'est sur le travail des autres qu'il mange. Et ne se prive de rien qui puisse contenter son existence inféconde... Le meilleur lui convient, même s'il ne fait pas le difficile les jours maigres : quand il lui faut se contenter de peu de choses, il en fait un festin autant pour la panse que pour l'esprit. Content de tout ce qui lui tombe sur la tête et dans le ventre, il vit heureux et d'une humeur égale.

Libre, il propose à ceux qui lui reprochent de ne servir à rien de l'imiter. Il n'a pas d'argent, pas d'enfant, pas de femme, pas de métier, pas d'avenir, pas d'ambition.

Et encore moins de vanité.

Cet improductif aux mains lisses n'a rien à vendre. Il passe son temps à "sucer le sang" de ceux qui triment et qui ne le comprennent pas.

Il chante, il rit, il joue, il dort, il mange, il rêve, il pense, il médite, il parle... Sans rien offrir en échange à la société.

Ennemi juré de l'humanité laborieuse, honnête et rangée, cet homme n'a pas sa place sur Terre. Et c'est parce qu'il regarde bien au-delà des nuages qu'il est toujours loin de ses pieds.

En vérité s'il n'a pas besoin de travailler pour vivre, c'est parce que ce bandit d'homme inutile vole.

Selon l'époque, la mentalité, le lieu, l'usage ou les préjugés on le nomme ermite, SDF, moine, poète, fou, Izarra, mystique, imbécile, bohémien, va-nu-pieds, arriéré, errant, hère, assisté, égaré...

Il vole non pas son prochain, non pas le système, pas même la terre.

Son vol à lui est plus subtil.

Il vole haut, très haut, tout simplement.

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