lundi 27 juin 2011

78 - HAUTEURS DE L'ÂME

PIEDS DANS LA FANGE, TÊTE AUX SOMMETS
Un oiseau libre
Je n'ai ni attaches, ni bagages, ni or qui alourdiraient mon vol : la liberté est ma plus chère conquête. J'ai hérité d'un royaume plus vaste que vos empires, et mon palais de paille et de nuages vaut tous vos trésors de marbre et d'airain : j'ai le ciel pour unique asile, les étoiles pour le meubler, un caillou pour tout oreiller, l'herbe des champs pour futur tombeau.
Et le vent en guise de chien fidèle.
Mon toit de constellations et de brumes a le prix infini des choses qui ne s'achètent pas. Mon habit de crasse et de misère est une voile que le souffle des muses emporte plus loin que vos soieries appesanties par l'argent et le plomb, et ma semelle errante est moins trouée que vos cartes de pointage aux mortels effets, moins usée que vos jours perdus à travailler...
Moi, jamais je ne travaille. La musique, la danse et l'amour sont des sésames qui m'ouvrent les portes du ciel. Alors que vos clés si chèrement gagnées n'ouvrent que des portes qui vous font entrer dans ces prisons nommées «richesses» et «confort».

Je suis un oiseau de passage aux ailes vives, et mon chant sans limite atteint les plus hautes nues. L'alouette partage mon horizon, le hérisson se glisse dans ma couche et les hululements de l'effraie peuplent mes songes.
Je suis le mal-aimé, le mauvais augure, le messager du diable, le voleur de poules, le passager de minuit, l'insaisissable, la rumeur, l'ennemi...
Je suis libre, je suis pauvre, je suis heureux.
Je suis le bohémien.

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